Interviews

Denis Parrot

Réalisateur du film Coming out


Temps de lecture: 3 minutes

Denis Parrot, né en 1974, est monteur image et infographiste. Coming out est son premier film documentaire en tant que réalisateur.

Bonjour Denis Parrot ! Qu’avez-vous appris sur le coming out au fur et à mesure de la préparation du film ?

Mon travail sur ce film m’a confirmé ce que je pressentais. Malgré la diversité des familles, des personnalités, tous ces jeunes ont un vécu assez similaire de la découverte de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. L’acceptation de soi même reste une étape incroyablement commune à tou··s ces jeunes. La peur de l’isolement, d’être rejeté·, la honte de se découvrir autre, le fait de le nier, la volonté de vouloir changer, ces sentiments sont partagés par tou··s ces jeunes à un moment de leur vie. Savoir comment nommer ce qu’on ressent, découvrir que pour d’autres c’est une insulte, une abomination, tout ceci relève d’un même parcours incroyablement commun. En découle la difficulté de dire, de communiquer aux autres, ce que l’on ressent.

Avez-vous des idées de ce qu’il faudrait faire pour aider celles et ceux dont le coming out (avant, pendant ou après) est difficile ?

Tout d’abord rappeler qu’il n’y a aucune obligation à faire son coming out. Cela concerne chacun et c’est un choix très personnel. Avant : je dirais qu’il ne faut pas prendre de risques, que si on pressent que les choses vont mal tourner, il vaut mieux attendre d’avoir son indépendance financière. Accepter qui on est, et attendre d’être prêt· à le dire, sans se mettre en danger, c’est très important, trop de jeunes se retrouvent à la rue dans des conditions très difficiles. Pendant : attendre d’être dans des conditions de dialogue possible, et le dire ou présenter son copain ou sa copine, c’est aussi une solution. On peut aussi écrire une lettre, montrer une vidéo, il y a autant de manière de le dire qu’il n’y a de personnalités, à chacun· de trouver ce qui lui convient. Après : laisser du temps aux parents et aux proches. Répondre aux questions, sans attendre que l’écoutant· comprenne tout, tout de suite. Ces jeunes y réfléchissent pendant des semaines, des mois, des années, il faut que ce temps soit aussi laissé aux parents, qu’ils puissent aussi avoir le temps de réécrire leur histoire. Les parents se retrouvent à leur tour dans la situation de devoir faire (ou pas) leur coming out à leurs voisins, à leur collègues de travail, c’est là qu’ils réalisent souvent la difficulté de dire, ou pas. Un changement global des mentalités est long mais indispensable au fait que l’annonce se fasse dans de bonnes conditions. Je pense que les interventions en milieu scolaire, mais également dans le monde de l’entreprise, sont des pistes d’intervention extrêmement pertinentes et efficaces, c’est ici que les mentalités peuvent changer, qu’elles doivent changer. J’espère qu’à l’avenir, on n’ait plus besoin de dire, mais simplement présenter son copain ou sa copine.

Est-ce que vous continuez à regarder les vidéos sur ce thème ? 

Je suis arrivé à saturation, en ayant visionné plus de 1200… Donc je n’en ai pas visionné depuis la fin du montage du film !

Merci pour cette énorme travail qui ne laisse pas indifférent.e !